Elle est née en 1946 à Belgrade et y fait
ses études à l’Académie des Beaux-arts. Dès sa sortie en 1970, elle
entame son travail sur l’art corporel et sur la performance, qu’elle a
fortement contribué à créer en tant que genre artistique.
Malgré des travaux souvent
spectaculaires, son travail ne cherchait pas nécessairement à choquer ou
à attirer l’attention, mais relève plutôt d’une démarche artistique
globale sur le questionnement de soi et sur ses propres limites en tant
qu’artiste mais aussi en tant qu’être humain.
Certaines de ses performances montrent
aussi un engagement social et politique certain ; la libération de
l’artiste de ses propres limites « physiologiques » répondant à sa
libération du régime communiste de Tito. Ainsi en 1974, dans « Rythme 5
», elle s’allonge sur une étoile soviétique avant de l’enflammer. Elle
perd connaissance et faillit y laisser sa vie. Dans « Thomas Lips »,
elle se dessine une étoile soviétique sur le ventre…avec la lame d’un
rasoir.
Elle questionne aussi le rapport avec le
public et les cotés obscurs qui demeurent sous le vernis civilisé de
chacun. Dans « Rhythm 0 », elle répond au « Cut Piece » de Yoko Ono de
1964, et se soumet au public mais en allant plus loin que l’artiste
japonaise : elle met à la disposition du public 72 objets, certains
ayant une destination plutôt agréable (rouge à lèvre, parfum…) ;
d’autres beaucoup moins (couteau, fouet, seringue…). Et pendant 6
heures, impassible, elle laisse le public utiliser ses objets à sa guise
sur son corps.
Le temps passant, la retenu du public se
fait plus faible et ses pulsions nauséabondes s’expriment :
déshabillée, frappée… elle fut même menacée par un homme muni d’un
pistolet chargé... avant qu’un autre n'intervienne et ne le désarme ! A
la fin de la performance, Marina Abramovic se lève et se dirige vers le
public. On revient dans la réalité et l’artiste redevient aux yeux du
public, un être humain comme eux. Le public s’enfuit alors pour éviter
son contact.
« Ce que j’en ai appris, dira l’artiste, c’est que si vous laissez le public décider, il peut très bien vous tuer. »
A l’exception de ce « rhythm 0 », elle
ne donne jamais le contrôle de la performance au public, même si elle
interroge souvent cette limite entre l’artiste et le public.
En 1975, elle rencontre un artiste allemand, Uwe Laysiepen et entame avec lui une série de performances en duo sur la question du
couple : les “Relationworks”. La plus spectaculaire, et également la
dernière, est “The Great Wall Walk” en 1988. Parti chacun d’un bout de
la grande muraille de Chine, ils parcourent en 3 mois 1000 kilomètres à
pieds chacun afin de se rejoindre.
A la fin de sa relation avec Ulay, elle
reprend sa carrière en solo, en parallèle avec une carrière
d’enseignement dans des académies et écoles d’Arts. Elle enseigne à
Paris en 1991.
Elle reste aujourd’hui encore très
active.
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