La Féline -

Le film est célèbre pour avoir introduit l’art de la suggestion dans le fantastique. L’analyse est juste mais ne formule pas tout ce que cela implique d’art de l’angoisse du même coup, et aussi d’effets de mise en scène proprement animistes : la vision de végétation en mouvement, comme un pelage de fauve, après une poursuite par un être invisible, est parfaitement révélatrice à cet égard. Il n’est pas galvaudé d’affirmer que la scène d’angoisse dans la piscine est un sommet absolu de fiction cinématographique. Paul Schrader a réussi un remake du film en ayant compris toute la dimension puritaine de l’histoire. On a affaire à de jeunes mariés ne pouvant consommer leur union, le fauve évoque la dévoration, une hantise liée à l’acte sexuel, la malédiction atavique du personnage central est explicitement comparée dans les citations du début et de la fin au péché originel. Il est intéressant d’observer que le point de vue rationnel est représenté par une psychiatrie proche de la psychanalyse, et qu’elle est dépassée (jusqu’à la mort effective !) par le surnaturel. Un film court et exceptionnellement dense et intelligent, un chef d’œuvre. 

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