LA FILLE QUI EN SAVAIT TROP de Mario Bava, à l’origine du giallo, genre
désormais incontournable du cinéma italien, et dont son réalisateur fût
un des grands fondateurs, est un astucieux mélange de genres,
d’ambiances et d’influences. Afin de contourner au maximum la veine
humoristique du scénario original qui ne lui plaisait guère, Mario Bava
installe rigoureusement une atmosphère de pur thriller, constitué
d’ingrédients tels suspense, macabre, éclaboussé de quelques grands jets
de baroque ; tout en conservant les rebondissements, les personnages,
la voix-off, qui destinait le film au genre de la comédie policière !
L’influence dominante est bien entendu Hitchcock, du titre jusqu’aux
ficelles de son intrigue : Le personnage ravissant de la touriste
américaine Nora Davis, en séjour à Rome, se retrouve seule, au mauvais
endroit au mauvais moment, et par une succession hasards malchanceux,
se fait le témoin d’un meurtre dont elle ne peut prouver l’existence aux
autorités puisque toute trace ou preuve a disparu au lendemain matin,
se faisant par la même occasion la cible d’un tueur en série aux
méthodes alphabétiques. La mort aux trousses, c’est à travers une
enquête mouvementée, que la jeune et innocente Nora tentera de retrouver
le grand alibi de ce tueur méthodique, et ce avant qu’une autre femme
ne disparaisse, dans le Rome baroque et angoissant voulu en noir et
blanc dans lequel Bava plante son décor. Vif et fluide, le récit ne
marque aucun temps mort, et offre à son spectateur un moment de suspense
excitant et pur, enlevé par une réalisation stylisée et personnelle,
fièrement signée de la patte de Mario Bava, en série B très haute de
gamme.
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