Anna Sten - Sur la toile blanche des salles obscures...

 
Anna Sten semblait avoir tous les atouts pour devenir l'héroïne d'un vrai conte de fée.
Née d'une mère suédoise et d'un père ukrainien qui meurt alors qu'elle a à peine douze ans en  laissant pourtout héritage des dettes considérables,
En 1927 un bon génie qui s'appelle Boris Barnet  lui offre le rôle principal de La Jeune Fille au carton à chapeaux. D’autres rôles importants lui confèrent une dimension qui lui permet d'envisager une place de choix parmi les jeunes actrices du cinéma soviétique.
Son destin bascule quand les studios Mezrabpom  lui demandent  de partir en Allemagne poursuivre sa carrière afin de bénéficier des avantages techniques fournis par une cinématographie à la pointe du modernisme de l'époque. 
 Anna Sten rencontre alors celui qui deviendra son mentor (et son mari) : un architecte nommé Frenke
Connaissant le désir de sa femme de jouer la Gruschenka des Frères Karamazov, il produit le film en 1931 et laisse Ozep mettre en scène l'adaptation de Dostoievski qui rencontre un énorme succès en Europe. Anna signe un contrat avec les studios de la UFA. La renommée d'Anna Sten franchit l'océan et séduit le "tycoon" américain Samuel Goldwyn qui décide de "sculpter" Anna Sten en rivale de Greta Garbo et de Marlène Dietrich.
Anna Sten connaissait bien évidemment la langue russe, avait appris l'allemand et le français mais ne parlait pas un mot d'anglais. Qu'importe ! Goldwyn lui offre une brochette de professeurs qui lui inculquent non sans difficultés les rudiments d'une langue qu'elle n'arrivera jamais à bien maîtriser.
Mieux encore, il charge Lynn Farnol, un agent tout dévoué à la volonté et aux dollars du "maître", d'apprendre aux Américains qu'une nouvelle star est née. Farnol outrepasse les consignes de Goldwyn, entreprend une invraisemblable campagne publicitaire et fait d'Anna Sten l'une des plus grandes reines programmées de l'écran.
Le plus difficile reste à faire : lui donner des rôles à sa mesure et convaincre les spectateurs de son magnétisme. Goldwyn qui avait connu le succès dans les années 20 en lançant une autre actrice européenne, la Hongroise Vilma Banky pensait bien évidemment faire d'Anna Sten la diva des années 30. Mais le rêve commence à se lézarder quand les premiers essais d'Anna Sten se heurtent à des difficultés, dont elle n'est nullement la cause, et dont elle deviendra peu à peu la victime. 
Anna Sten est alors ballottée de projets en projets. Mais elle ne parvient pas à perdre son accent russe et doit sans doute à cette malheureuse imperfection le fait de n'avoir jamais pu être adoptée par le public.
Anna Sten aujourd'hui oubliée des cinéphiles reste néanmoins l'exemple le plus tragique du star-system impitoyable de la grande époque des studios hollywoodiens. 

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